Le torrent de les Guardies

Le Correc ou torrent de les Guardies est un affluent du Réart près de Fourques dans Pyrénées-Orientales.

Le torrent de les Guardies près de Fourques:

Il se forme en ravinant les zones argileuses des Aspres entre Passa et Fourques et il alimente le Réart en métal précieux en lessivant les terrains plantés de vignes, contenant des paléo-placers, à l'est de Fourques.

Détail des falaises d'argile à paléo-placer
encaissant le lit du torrent:

Dépôts de métaux lourds riches en fer, bien visibles,
dans l'argile du quaternaire, sur la couche du pliocène.

Comme beaucoup de cours d'eau pyrénéens et comme la plupart des ruisseaux de ce secteur ce torrent aurifère jamais cité charrie de l'or, quand il lui arrive de couler. Les dépôts immergés sous les grosses pierres concentrent les paillettes et grains d'or.

Placer parmi les grosses pierres:

Les sables lourds sont noirs et produisent de 1 à 15 occurrences d'or, sous forme de petits grains et de fines paillettes.

Comme pour le Réart, on trouve parfois des paillettes de teinte orangée ferreuse, de l'or bicolore or-argent ainsi que de l'or teinté de noir.

Or du torrent de les Guardies
à la loupe binoculaire:

Taille réelle: 1 mm maxi


Vestiges d'orpaillage ?


De curieux vestiges sont ici, dans le lit de ce torrent:

Une couche de briques posées sur la tranche, cimentées et visiblement très anciennes, le recouvre. Ce passage est parfaitement ajusté aux berges par des plinthes de terre cuite et forme un canal forcé, droit puis s'élargissant un peu vers l'aval. Ne s'agissant pas d'un passage à gué, cette sorte de sluice permanent a peut être été construit par un orpailleur du passé...


Construction ancienne dans le lit du Torrent de Guardies

La prospection des rainures entre les briques ne donne aucun résultat, mais au débouché immédiat de cette construction on récolte parfois une quinzaine de paillettes par batée ce qui laisse supposer que cette installation a peut être servi à poser des peaux de moutons, des tissus ou un système piégeur d'or sur ce passage aurifère du torrent qui débute d'ailleurs ici une zone de placers.

En fouillant le trou d'eau au débouché de cette construction, j'ai découvert un bloc de fer, solidement coincé ou caché sous des gros cailloux posés sur un rocher bien immergé. Une fois débarrassé de son épaisse gangue d'oxyde et d'alluvions, on reconnaît qu'il s'agit d'un outil fort ancien, lourd et massif, ressemblant à une sorte  piochon ayant perdu son manche, à un outil de grattage ou à une minuscule charrue, tout à fait adapté à l'attaque des paléo-placers des berges du torrent.


Vestige d'outil ancien
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 Le scénario suivant semble tout à fait possible: en amont de l'installation, des paléo-placers riches en or étaient repérés dans les berges et attaqués avec cet outil. L'argile entraînée et lavée par le courant lorsque celui-ci était suffisant, libérait l'or qui était ensuite piégé en aval par un système de peaux de moutons fixées sur le socle de briques.

Les archives confirment la présence d'un orpailleur à Fourques dans le passé:

(1) Morer, Archiviste des Pyrénées-Orientales, (1854), Cité ici par Louis Companyo créateur et conservateur du Muséum d'Histoire Naturelle de la ville de Perpignan (1861)


Enigme amusante:

Parmi les paillettes d'or trouvées au débouché de cette construction, ce qui d'abord m'a semblé être petite pépite de 3 mm est en fait un minuscule objet bi-métallique élaboré de la main de l'homme. Il semble avoir été moulé à partir de paillettes d'or locales et de cuivre fondus artisanalement. Quelle peut être l'utilité d'un tel objet ?


taille réelle: 3 mm

Au décapage à l'acide, le métal jaune s'est terni, il ne s'agit donc pas d'or.
L'oxydation sans gangue épaisse montre que l'objet n'est pas très ancien et la comparaison avec des objets existants m'a finalement permis de découvrir que cette pseudo pépite énigmatique n'est qu'une dent métallique de nos fermetures éclair...

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