STATISTIQUE GÉOLOGIQUE, MINÉRALOGIQUE, MÉTALLURGIQUE ET PALEONTOLOGIQUE DU DEPARTEMENT DU GARD

EMILIEN DUMAS (1876)

 Extraits concernant l'or et le platine en Cévennes:



Le conglomérat houiller est le gîte principal des paillettes d'or que roulent le Gardon d'Alais, la Cèze et surtout la rivière de Ganière. Nous avons affirmé ce fait depuis plusieurs années, car nous nous sommes assuré par des lavages faits sur les lieux, notamment à la montagne des Chamades, sous le village de Malbos, que le conglomérat houiller est très aurifère et que c'est bien là le véritable point de départ des paillettes d'or que roulent ces divers cours d'eau. Et en effet, si les quelques personnes qui exercent encore l'industrie d'orpailleur dans ces contrées affirment que le Gardon d'Alais n'est plus aurifère au-dessus de la Levade, la Cèze au-dessus des Drouillèdes, et que Gagnière cesse également de l'être au-dessus du village de Malbos, c'est que la formation houillère s’arrête à ces divers points et qu'en amont ces cours d'eau ne roulent plus que sur les schistes de transition ; aux Drouillèdes on nous a dit que les paillettes sortent de la montagne de Garengé, laquelle est également située dans le conglomérat.

OR
Or natif. - Se trouve à l'état natif et sous forme de paillettes ou de petits grains, dans le conglomérat inférieur qui forme la base du terrain houiller d'Alais, notamment à la montagne des Chamades, sous le village de Malbos (Ardèche). Les alluvions de Gagnière, de la Cèze et du Gardon contiennent des paillettes que les eaux de ces trois torrents ont arrachées au conglomérat houiller.

PLATINE
Platine natif. - Parmi les paillettes d'or, dans les lavages des sables aurifères de Gagnière. Les orpailleurs de cette localité désignent les paillettes de ce métal sous le nom d'or blanc.

LAVAGE DU CONGLOMERAT AURIFERE, GRAINS DE PLATINE
Lavage d'or

Nous avons déjà indiqué, dans la Deuxième partie de cet ouvrage, l'origine des paillettes d'or qu'on rencontre dans les sables de Gagnières, de la Cèze et du Gardon d'Alais, et nous avons démontré, l'un des premiers, que le gisement primitif de ces paillettes était le conglomérat houiller lui-même. Le gîte principal de ce minerai précieux est situé, comme nous l'avons dit, dans le vallon de Gagnières, sur un monticule désigné sous le nom de Chamades, placé au pied du village de Malbos (Ardèche). C'est dans les ravins qui sillonnent le pourtour de cette montagne que les habitants de la commune des Salles-de-Gagnières se livrent, pendant la morte saison, au lavage des sables aurifères.

Muni d'une sébille en bois de noyer creusée en forme de cône très-évasé, d'un diamètre de 0m60 sur 0m10 de profondeur,qu'on appelle gresaou, l'orpailleur entre dans l'eau jusqu’aux genoux et choisit un endroit où quelque obstacle, sous forme de barrage, a retenu les sables et les graviers entraînés par la rivière. Là, il remplit sa sébille qui peut contenir de 25 à 30 kilogrammes de sables ; puis, cherchant un point où le courant n'est pas trop fort, il y plonge son plat jusqu'à ce que les bords viennent à peu près affleurer le niveau de l'eau. Il lui imprime alors avec lenteur un mouvement de rotation, pour présenter au courant chaque partie de la masse qui est ainsi peu à peu entraînée. L'orpailleur s'arrête plusieurs fois pendant cette opération, pour rejeter avec la main les cailloux les plus gros qui ont résisté au courant, puis il reprend son mouvement de rotation jusqu'à ce qu'il ne reste plus au fond du plat que le menu gravier et le sable, dont il finit par se débarrasser en inclinant quelquefois son plat tout en continuant à le faire tourner.

Chaque lavage produit ainsi 4 à 5 paillettes d'or ; on peut faire six lavages par heure.
Il reste ordinairement au fond du plat, avec les paillettes d'or, des grains de fer hydraté ; nous y avons aussi rencontré, en faisant orpailler devant nous, de petits grains de platine que les orpailleurs de Gagnières appellent or blanc.


[Accueil]