Essai de Minéralogie du département du Gard

P. de Brun (1902)

Extraits concernant l'or et le platine

OR
Or natif (Au).
P. S. = 15 à 19, 4. - D = 2, 5 à 3. Syst. cubique.
Au chalumeau, fond facilement ; attaquable seulement par l'eau régale. Couleur jaune ; très malléable.

L'or se trouve dans le Gard à l'état de petits grains, de paillettes, au milieu des sables du Gardon d'Alais, de la rivière de Gagnières et de la Cèze. D'après M. Lacroix (t. 2 ; p. 430) cette dernière rivière est surtout aurifère à Saint-Ambroix, près le château de Montalet, non loin de Bessèges et de Lalle et près de Bordezac. Les paillettes y atteignent parfois le diamètre d'une lentille ; elles y sont associées à du zircon, de la magnétite et de l'ilménite en petits grains.

Leur recherche a donné lieu à une industrie autrefois assez prospère, aujourd'hui complètement abandonnée, celle des
Orpailleurs qui à l'aide de sébilles en bois lavaient les sables de ces dernières rivières. Un essai de lavage en grand des sables du Gardon a été tenté en 1898 à Russan (Sainte-Anastasie) par une compagnie qui a abandonné l'exploitation après des dépenses importantes, les résultats n'étant pas suffisamment rémunérateurs. C'est dans les couches les plus profondes des alluvions qui encombrent le lit du Gardon, que l'or était le plus abondant à l'état de paillettes d'un jaune très clair qu'un simple lavage à la sébille permet de réunir.

L'origine de ces paillettes roulées a fait l'objet de nombreuses études de la part de divers géologues. Em. Dumas (t. 2; p. 88) dit qu'elles proviennent du conglomérat houiller de la montagne de Garengé, près les Drouillèdes (Peyremale).  D'après M. G. Carrière, elles semblent provenir de la destruction des micaschistes où l'or serait inclus dans les petits filonnets de métaux sulfurés. M. le professeur Viala en aurait trouvé des traces dans les quartz des massifs primaires cévenols, mais on n'a, à notre connaissance, jamais recueilli de quartz aurifère où la présence du métal précieux fût discernable à l'oeil. D'après Simonin (C. R. t. LXII, p. 1042, 1886), l'or natif existe dans le ciment argilo-schisteux du conglomérat houiller de Bordezac et non dans les débris de quartzite micacée qui constitue les blocs de ce conglomérat.

Je signalerai en terminant, d'après Stan. Meunier (la Nature, 6 juillet 1889), la découverte de pépites d'or faite dans la commune de Gravières (Ardèche), aux Avols. Cette localité n'est pas dans le Gard, mais elle en est tout proche, la commune de Gravières étant enclavée dans celle de Mâlons (Gard). L'une d'elle pesait 537 grammes et mesurait 94 millimètres de long, sur 50 de large et 8 d'épaisseur. Sa densité était de 16 et d'après M. Riche, elle comprenait 94 d'or, 1,8 d'argent et des traces de fer. Trois autres plus petites avaient été trouvées antérieurement dans cette même région, entièrement micaschisteuse.

PLATINE
Platine natif (Pt).
P. S. = 17 à 18. – D = 4,5 à 5. Syst. cubique.
Infusible au chalumeau ; insoluble, sinon dans l'acide azotique Gris d'acier.

D'après Em. Dumas (t. 2 ; p. 720), il se trouve en grains, avec les paillettes d'or des alluvions de la Gagnières (Castillon-de- Gagnières), associés à l'ilménite, à la magnétite et au zircon. Les orpailleurs de cette localité les désignent sous le nom d'Or blanc.